8 novembre 2016 2 08 /11 /novembre /2016 17:51

Il y a quelques mots gribouillés sur un bout de carton cet été, dans mon second chez-moi... Je me remémore parfaitement ce moment et avec exactitude les émotions qui me traversaient. Je met en forme ces mots, j'ai envie de les graver quelque part.

 

 

Après avoir suivi pendant un long moment le sentier au trois quart effacé qui serpente parmi les rochers couleur brique, je suis arrivée dans la toute petite crique que je connais depuis toujours. Elle me paraissait immense quand j'étais enfant, et le mur construit le long de l'amas de grosses roches m'a toujours fasciné. Aujourd'hui encore, mon coeur palpite d'excitation à le voir même si ses dimensions ont réduit comme par magie. Je sais que je vais grimper dessus et gambader le long du chemin pas plus large que deux pieds. J'ai toujours aimé me hisser sur les rochers, les digues, les murs, tout ce qui est en hauteur et surplombe la mer pour s'arrêter brutalement parce que le port, la crique ou quoi que soit d'autre prend fin pour laisser la place à l'immensité majestueuse de la Méditerranée. Je n'ai pas le vertige et j'aime plus que tout contempler la mer. J'aime me sentir seule au bout du monde, seule dans mon univers. J'affectionne aussi particulièrement cette promenade : je pourrais la parcourir les yeux fermés, avec n'importe quelle tenue. J'ai arpenté ces rochers en short, en jupe, en pantalon. En sandales, en talons (si si), en collants. En ayant fait des sauts dans l'eau salée juste avant, ou non. Aujourd'hui, je porte probablement la tenue la plus adéquate à l'exercice que j'ai jamais endossé : des tennis toutes simples, des vêtements pratiques. (Le temps a du m'assagir un peu.) Je connais les passages sur le bout des doigts de pieds, je ne suis jamais tombé ni me suis fait mal. Toute petite, je courrais déjà sur ces rochers, la tête ailleurs, dans ce monde imaginaire qui ne m'a jamais quitté... mais qui était si riche et prompt à s'étendre en tous sens à l'époque... Je m'inventais des histoires de pirates, de butins dissimulés dans les bras de mer que mes pas suivaient. Aujourd'hui je suis toujours autant dans la lune, même si en cet après midi je ne suis pas en train de me raconter une histoire. Cela dit, mes pensées m'obsèdent tout de même. Je suis dans le vague, je suis ailleurs.

 

L'impatience me projette sur le mince rebord qu'il faut passer afin d'atteindre le bout de plage et l'escalier grossièrement taillé qui mène au mur. Mais l'endroit n'est pas tellement entretenu et la végétation a beaucoup poussé. Celle-ci a envahi le rebord et tombe par dessus, les pousses s'inclinant lourdement vers la mer en contrebas. Mais je n'hésite pas : je suis mince, je sais que je passe. J'ai simplement à saisir les feuilles et les repousser un peu afin de me glisser le long de mon fameux rebord. Je suis de coté car mon corps de face n'aurait pas la place d'avancer, de part l'étroitesse du muret et la pression exercée par la végétation luxuriante que je retiens de mes mains. Je progresse rapidement, même si je fais attention. Ici ce n'est pas haut, mais je n'ai quand même pas envie de tomber. Les autres ne me suivent pas.

 

Mes pieds sautent déjà sur le sable. Leste, je file tout droit derrière un rocher et enjambe rapidement la première marche de l'escalier. Je monte, seule et tout sourire. Le coin est parfaitement désert. Une bouffée de bonheur me submerge lorsque je me dresse enfin sur mon mur. J'ai à la fois l'impression d'avoir été toute ma vie sur ce mur, et à la fois de jamais y rester assez longtemps. Je suis chez moi sur ce mur, avec mon univers dans ma tête. Là, je profite. Je suis bien. Mes yeux se posent sur les énormes roches rouges de part et d'autres du mur, et j'avance lentement, savourant chaque pas qui me rapproche de la fin. C'est mon rituel. Un peu avant la fin, le pseudo chemin se divise, je parcours très rapidement le bout qui oblique vers la droite, je ne peux pas m'en empêcher, je marche dessus pour le plaisir et je rebrousse immédiatement chemin. Ce qui m'intéresse, c'est d'aller au bout. 

 

Et enfin, m'y voilà ! Le mur prend fin, les rochers sont tous à gauche et à droite. Sous moi, le vide. Devant moi, l'infini bleu. Je m'assoie sereinement, laissant pendre mes jambes dans le vide. Je pose mon téléphone et mon appareil photo derrière moi, renonçant à immortaliser la vue avec l'un ou l'autre des appareils que j'ai apporté. Je possède déjà maintes photos de cet endroit et je sais que ce moment d'intimité demeurera gravé en moi. Je soupire d'aise et m'accorde un instant pour me gorger de ce magnifique panorama. Je ne vois personne, les rochers me cachent ma famille restée en arrière, et je suis également à l'abri des regards. Je suis en tête à tête avec ma vieille amie la mer. Tout d'un coup, je me met à parler. A voix basse, je lance mes doutes et interrogations à la mer. Je lui confie un secret. Je me confesse, je m'épanche. Je la contemple et elle m'apporte des réponses. Le soulagement m'envahit. Je laisse encore un peu durer cet agréable moment, mais je sais qu'on m'attend. Je me relève, balayant une ultime fois l'horizon du regard, avant de récupérer mes affaires et de me presser à refaire tout le chemin en marche arrière. Je suis plus sereine, j'ai eu mon petit moment, mon rendez vous avec la mer, perchée sur mon mur...

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[Tuto] Repérer et identifier une Hyatt sauvage

Carte d'identité : Hyatt, 1/4 chatte, 1/4 ourse, 1/4 rêve, 1/4 humaine.

Activités : faire le moins possible de mal durant son existence.

Peut être appâtée par : de la nourriture, un mot doux, un livre, du papier et un crayon, une séance de ciné, un jeu (plateau, carte, vidéo, de rôle...), un animal mignon, un dragon.

Se rencontre : généralement sur un canapé, dans un lit, derrière un ordinateur, dans la nature le plus près possible des arbres et/ou des étendues d'eau.

Se reconnait : à son tatouage en forme de rose sur la nuque et son labret (piercing au menton).

Un Truc À Chercher ?

Remerciements

Merci à vous tous de me lire et de parfois prendre le temps de me laisser un commentaire, ça me touche toujours beaucoup. Merci à mes lectrices et lecteurs d'un jour ou de toujours, que vous vous soyez manifestés à moi ou que j'ignore que vous me lisez.  

 

Il est vrai que j'écris avant tout pour moi-même, mais également pour vous un petit peu... Alors à vous tous que j'aime tant, qui réussissez à me supporter et me faites compter parmi vos proches, je vous dédie ce blog. Je vous dédie mes mots à tous.

 

 Merci.